Euro 6 : quand les véhicules ne pourront plus rouler

Le compte à rebours a commencé. Dès le 1er janvier 2025, des pans entiers de la circulation urbaine fermeront leurs portes aux véhicules Crit’Air 4 et 5, reléguant des milliers d’automobilistes aux marges des métropoles françaises. Derrière ces vignettes, c’est tout un pan du parc roulant, majoritairement aux normes Euro 3 et antérieures, mais aussi certains Euro 4, qui s’apprête à disparaître du bitume citadin.
Les dérogations pour les professionnels ? À géométrie variable, décidées localement, selon des logiques parfois obscures. L’État ne tranche pas, les collectivités improvisent, et les conducteurs se retrouvent à naviguer à vue dans un calendrier hétérogène. Les normes européennes, elles, continuent d’abaisser les seuils tolérés, accélérant la pression sur un parc vieillissant.
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Euro 6 : comprendre la norme et ses enjeux pour les automobilistes
Impossible de passer à côté : la norme euro façonne les choix des constructeurs et des automobilistes depuis des décennies. À chaque itération, les lignes bougent, les seuils de particules et de NOx se resserrent, et les modèles anciens sont poussés vers la sortie. Depuis septembre 2015, impossible d’immatriculer un véhicule léger en France sans répondre à la norme euro 6 : c’est le sésame pour décrocher la vignette Crit’Air ouvrant l’accès aux zones à faibles émissions.
Pour s’y retrouver, le classement Crit’Air attribue une couleur à chaque niveau d’émissions. Voici comment les véhicules sont répartis :
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- Crit’Air 0 : électriques et modèles hydrogène
- Crit’Air 1 à 5 : véhicules thermiques, essence ou diesel, classés du plus récent au plus ancien
Ce système, bien plus qu’une pastille sur le pare-brise, conditionne désormais la liberté de circuler en ville. Et la suite se dessine déjà : la norme euro 7 arrive dès 2025, puis, horizon 2035, l’Union européenne tourne la page des moteurs thermiques neufs. Les automobilistes sont sommés de s’adapter, sous peine de voir leur voiture interdite de centre-ville. La mutation s’accélère, chaque norme rapprochant un peu plus le parc roulant d’une nouvelle ère, plus propre, du moins sur le papier.
Quels véhicules ne pourront bientôt plus circuler ?
Le couperet va tomber sur les véhicules jugés trop polluants, et la liste s’allonge. Dès janvier 2025, les Crit’Air 3 seront à leur tour bannis des ZFE. Difficile de s’y retrouver ? Voici les catégories qui devront bientôt renoncer à la ville :
- Diesels mis en circulation entre 2006 et 2010
- Essences datant de 1997 à 2005
- Deux-roues motorisés produits entre 2004 et 2006
Le processus est déjà bien engagé : les Crit’Air 4, diesels d’avant 2006, sont déjà persona non grata depuis 2024, et les Crit’Air 5 (diesels d’avant 2001) ont disparu depuis 2023. Pour plus de clarté, voici un rappel :
- Véhicules Crit’Air 5 : interdits en ZFE depuis 2023
- Véhicules Crit’Air 4 : interdits en ZFE depuis 2024
- Véhicules Crit’Air 3 : interdits en ZFE dès 2025
Année après année, la marge de manœuvre fond pour les propriétaires de véhicules thermiques : les voitures essence de plus de 19 ans, les diesels de plus de 15 ans, sans oublier les motos euro 2 et euro 3, se retrouvent dans le viseur. À l’inverse, les véhicules électriques et à hydrogène (Crit’Air 0) voient leur horizon dégagé. Ceux qui persistent à rouler avec des modèles anciens s’exposent à des amendes, parfois lourdes. La transition s’accélère, dictée par la santé publique et la quête d’une ville respirable.
Les villes et zones concernées par les nouvelles restrictions
Le terrain de jeu des ZFE s’étend à grande vitesse. D’abord réservées à quelques métropoles, elles s’imposent désormais dans tous les grands pôles urbains. Paris a ouvert la voie, bannissant progressivement les véhicules les plus polluants du Grand Paris. Suivent Lyon, Grenoble, Strasbourg, Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse, Nice, Toulon et Reims, chacune fixant son propre tempo sous la pression de l’opinion et des indicateurs de pollution.
Le cadre légal s’est durci : la loi Climat et Résilience impose désormais une ZFE à chaque agglomération dépassant 150 000 habitants. En 2025, pas moins de 43 agglomérations appliqueront l’interdiction aux véhicules Crit’Air 3, 4 et 5. Les élus locaux avancent entre volonté de transformation écologique et crainte du rejet social.
Ce phénomène s’étend au-delà des frontières. En Wallonie, dès le 1er janvier 2025, les voitures Euro 1, 2 et 3 seront interdites sur tout le territoire. Partout sur le continent, la pression s’intensifie sur les véhicules thermiques, redéfinissant la mobilité urbaine. Progressivement, les centres-villes deviennent synonymes d’une mobilité repensée : la qualité de l’air s’impose en priorité absolue, reléguant la voiture ancienne à la périphérie.
Comment anticiper l’interdiction et quelles alternatives envisager ?
Face à la montée des restrictions dans les ZFE, l’attente passive n’est plus une option. Laisser traîner, c’est risquer l’immobilisation du véhicule et une amende de 68 euros, jusqu’à 180 euros si la récidive s’invite. Heureusement, plusieurs solutions existent pour ne pas se retrouver au pied du mur. Les propriétaires de Crit’Air 3, 4 ou 5 peuvent activer différents leviers pour rester mobiles :
- La prime à la conversion permet d’échanger son véhicule polluant contre un modèle plus respectueux de l’environnement, électrique ou hybride rechargeable à la clé.
- Le bonus écologique vient alléger le coût d’achat d’un véhicule neuf à faibles émissions, accélérant le renouvellement du parc.
- Des dérogations ZFE existent pour certains usages : véhicules d’urgence, forces de l’ordre, professionnels, collectionneurs, mais leur obtention dépend des règlements locaux.
L’offre de mobilités alternatives s’étoffe : transports collectifs renforcés, développement du vélo, auto-partage ou location longue durée de véhicules électriques. Les collectivités tentent d’accompagner le mouvement, afin d’éviter que la transition ne creuse davantage les inégalités entre centre et périphérie. En dehors des grandes villes, le défi reste immense : sans alternatives crédibles, les ménages dépendants de leur voiture risquent l’exclusion.
Le paysage automobile français change de visage. Ceux qui anticipent, innovent ou s’adaptent écrivent déjà la prochaine page de la mobilité urbaine. Pour les autres, l’heure du choix approche, implacable comme une barrière de péage.
